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07 septembre 2009

Le Japon dans l'espace, Episode I

Le Japon est aujourd'hui plus "futuriste" que jamais, et ce pour plusieurs raisons.

Commencons par la serieuse :

Mitsubishi, IHI to Join $21 Bln Space Solar Project (Bloomberg)
L'agence spatiale japonaise se lance dans le solaire spatial - traduction : mettre des panneaux solaires en orbite (*beaucoup* de panneaux solaires) et renvoyer l'energie sur Terre avec un faisceau micro-ondes. Rien que ca.
Personnellement, j'aime bien l'idee - et je suis pas le seul.


video explicative -et partiale- du pourquoi c'est bien.

Ce projet digne d'un mechant de James Bond n'est pas exactement pour tout de suite (a peu pres 30 ans de developpement/mise en place), mais ca suffit pour faire mouiller leurs patalons a tous les trekkies de la planete.
Seulement voila, c'est bien gentil tout ca, mais c'est un peu comme le manifeste du DPJ: sans notion de faisabilite economique, ca va un peu nulle part.
Or a 2.000 milliards de yen (15 milliards d'euro) la centrale de 1 Gigo-Watt (*cligne cligne*), soit de quoi fournir en energie un peu moins de 300.000 foyers japonais, c'est pas gagne ! Comme ca fait trop de zeros pour bien se rentre compte, faisons des divisions : le cout par foyer serait de 50.000euros. Avec des factures d'energie (au sens large) de l'ordre de 1.500euros par an a tout casser, notre petite famille japonaise mettrait donc environ... 33 ans a amortir l' investissement ! (apres avoir attendu 30 ans que ca soit mis en place). D'un autre cote, rendre une maison independante en energie avec des panneaux solaires places betement sur le toit, c'est certes moins futuristo-cool, mais ca coute 15.000euros max avec la technologie actuelle et c'est dispo tout de suite - sans compter que ce cout devrait baisser de 50% dans les 3 a 5 prochaines annees (source).
Ceci dit, les responsables du projet esperent diviser par 100 les couts de mise en orbite des panneaux d'ici au lancement du projet par rapport a l'estimation actuelle. J'aimerais y croire...

Quand bien meme, il resterait quand meme quelques hics techniques a surmonter. Comme par exemple le fait qu'il va etre un peu complique de caser 4 kilometres carres de panneaux solaires en orbite geostationnaire (ca fait quand meme 600+ terrains de foot) alors qu'on commence deja a avoir des soucis pour y faire tenir un petit satellite. La faute bien sur a tout le boxon deja mis en orbite, qui a une facheuse tendance non seulement a y rester, mais aussi a augmenter furieusement en quantite (source).
D'autre part, d'aucuns a qui la ressemblance du dit projet avec un certain "Mega-Laser" n'aura pas echappee, s'inquietent aussi un peu du fait qu'un satellite envoyant un enorme faisceau a micro-ondes surcharge en energie vers la Terre puisse etre detourne de sa fonction premiere pour etre utilise, ma foi, comme un satellite envoyant un enorme faisceau a micro-ondes surcharge en energie vers la Terre. Une idee qui se defend, il faut l'avouer... Et sans forcement preter aux Japonais des velleites Independance-Day-esques (pour ceux qui ne visualisent pas, seance de ratrappage express), il est effectivement difficile de ne pas penser au jour ou un debris de passage heurte le satellite et fait malencontrueusement devier le faisceau, ce qui pourrait donner quelque chose de ce genre :


Ce qui serait evidemment fort malvenu : ce film est un infame navet.

03 septembre 2009

Le mot de l'annee : "l'homme herbivore"

J'arrive pas a bosser cette semaine, et comme j'ai eu de bon retours sur mon billet precedent, je recidive avec cette fois un petit article sur la derniere tendance societale japonaise, qui fait couler de l'encre par gallons...

C
'est incontestablement le buzzword le plus repete dans les medias japonais cette annee. Le terme 草食男子(soushokudanshi, homme herbivore) fait reference a la nouvelle generation de japonais, actuellement dans la vingtaine ou la petite trentaine, au comportement generalement effemine et passif (voire apathique), dont la caracteristiques principale est de montrer peu ou pas d'interet pour le sexe oppose (du moins pas en tant que partenaire romantique ou sexuel).
Le profil type de l'homme herbivore :
- ne cherche pas a s'engager dans des relations amoureuses ou sexuelles, meme si il pourrait ; n'est pas interesse par le marriage et encore moins les enfants
- a de nombreuses amies, mais toujours platoniques (formulation japonaise typique : "peuvent voyager seuls avec une femme et dormir dans la meme chambre sans rien tenter")
- est tres sensible
- vit souvent chez ses parents (rappel: les Tanguys sont legion au Japon,- l'age moyen pour quitter le foyer est de 26 ans, si je me souviens bien); tres proche de sa mere
- "metrosexuel" (quoique le terme est peu approprie, vu le "-sexuel") - depense des fortunes en cosmetiques, manucures, vetements, voire maquillage...
- est indifferent aux valeurs consumeristes traditionnelles (voitures ? meh.)
- n'a pas ou peu d'ambition en termes de carriere
- passe beaucoup de temps sur le net
- aime les desserts, aime cuisiner
Bref : l'homme herbivore n'a rien de viril, et tout d'effemine.
Le gap avec les deux images stereotypees de l'homme japonais du 20eme siecle, nomemment le guerrier inflexible et le salaryman accro au boulot, est evidemment enorme...

Les medias font leurs choux gras de cette tendance, et chacun y va de son point de vue sur le pourquoi, les consequences possibles, et bien sur un jugement de valeur pour aller avec. D'aucuns se rejouissent que le male japonais, traditionnellement patriarco-macho, equilibre un peu la balance ; d'autres se lamentent que le male japonais, dors et deja passablement "lavette", "perde ce qu'il lui restait de couilles" (desole les gars, c'est pas moi qui le dit - et soit dit en passant, ce genre de critiques virulentes vient en general de femmes, pas d'hommes. Language fleuri inclus).
Avec toute la couverture dont beneficie ce sujet, on serait tente de penser que c'est encore une de ces tendances marginales que le buzz gonfle articiellement. Mais tous les sondages indiquent le contraire : l'agence de marketing Infinity* estime a deux tiers (!)la proportion des Japonais de 20 a 34 and appartenant a cette tendance. Un autre sondage par Konami* (a prendre avec des pincettes, donc) donne le meme chiffre.
[Au passage: ce sondage nous apprend aussi que 40+% de cette frange de la population apprecie les romances dans les jeux videos, et que pas moins de 20% avouent etre deja tombes amoureux d'un personnage de jeu video*. Japan, Japan...
]

C'est un sujet qui revient regulierement dans mes conversations avec des amies japonaises, et ca ne les laisse certainement pas indifferentes. La tendance majoritaire autour de moi est l'exasperation totale : l'homme japonais effemine n'est pas exactement une nouveaute (voir la culture host et gyaru-0, avec des gars permanentes, teints, maquilles, aux allures de pre-puberes, consideres dans certains cercles comme des sex-symbols depuis bien 20 ans). Avec cette nouvelle poussee de feminite, ces demoiselles desesperent de se trouver un homme digne de ce nom. Surtout que du cote feminin, la generation actuelle a toujours ete elevee dans l'idee archaique que la vie d'une femme est terminee si elle ne s'est pas trouve de mari a 30 ans...
草食男子 est l'oppose de 肉食男子(nikushokudanshi), sans surprise: l'homme carnivore - macho, etalon, "croqueur de femmes". De ceux-la, on n'entend pas parler; par contre, l'apparition des 肉食女子, "croqueuses d'hommes" - femmes recherhant un partenaire activement, voire agressivement - est une tendance qui fait egalement parler d'elle. Ceci expliquant tres probablement cela, bien sur.
Les japonaises qui se mettraient a draguer ..? Chasser l'homme en boite ..? Se mettre au nampa !? ("drague", avec une connotation un peu plus agressive que par chez nous).
Le monde ne tourne vraiment pas rond... Mais je suis curieux de voir ca !

*Sources (entre autres) : The Independent, Reuters , Kotaku, la tele japonaise、etc.

13 janvier 2009

Location de famille

Capitaliser sur l'isolement et la dépression est un business florissant au Japon.
On connaissait déjà les services de location d'animaux de compagnie (enfin moi je connaissais en tout cas, et ça me faisait déjà bien marrer) ; mais les japonais, fidèles à eux-mêmes, ne s'arrêtent pas là et poussent le concept encore plus loin. Beaucoup plus fort en effet : j'apprends à l'instant, grâce à un article de la BBC, qu'on peut désormais carrément louer un mari ou une mère de substitution, entre autres, dans cette belle ville pas du tout névrosée qu'est Tokyo.
La charmante agence Hagemashi Tai, dont le nom se traduit grosso modo par "Encouragement Ltd.",vous propose de payer des gens pour jouer temporairement le rôle... de mari-papa, pour la mère célibataire; de mère bienveillante, pour le solitaire anxieux qui a besoin d'être rassuré; de membre de la famille éloignée, pour venir à un enterrement dont la liste d'invités est un peu trop dégarnie (sic. Il peut même faire un discours moyennant des frais supplémentaires)... Leur site ne précise pas si ils font des Pascal le grand frère, mais ça ne m'étonnerait même pas ! Et ça serait encore relativement soft, par rapport au papa de substitution qu'ils nous décrivent - entre autres, "papa" pourra aider les enfants à faire leurs devoirs, les emmèner au parc, et venir aux réunions parent d'élève pour faire bonne impression... (sic)
Contre paiement.
sick!
Il semblerait que l'idée que l'affection humaine puisse s'achèter soit en train de faire son petit bonhomme de chemin dans la culture nippone tokyoïte. Ce n'est d'ailleurs ni plus ni moins que le postulat de base du host/hostess club [wikipedia EN], ces clubs "à hôtesses" où les jeunes résidentes sont au service des clients, souvent des salarymen esseulés et misérables, les couvrant d'attentions, discutant et flirtant sans discernement (sans jamais aller plus loin), moyennant finances évidemment. Ils entretiennent ainsi l'illusion d'une vie sociale florissante (voire d'une vie sociale tout court) et apaisent un peu leurs égos meurtris par l'univers impitoya-ha-bleuu de la kaisha. C'est tout un monde très particulier, dont je ne connais rien sinon le B-A-BA, mais si le sujet vous intrigue vous pouvez vous tourner vers Geisha, Interrupted[EN] qui a des choses à dire sur le sujet, ou regarder l'excellent documentaire que je vous avais déjà conseillé l'année dernière.
Avec le succès monstrueux des host(ess) clubs, omniprésents à Tokyo (et Osaka), à laquelle s'ajoute cette absurde nouveauté, on dirait que monnayer la compassion, la chaleur humaine et le lien social est passé dans la normalité Tokyoïte...
...qui est décidément un concept très, très vague dans cette ville de fous.


06 août 2007

Documentaire à voir

Voilà un excellent documentaire sur un de ces aspects de la société japonaise qu'on ne trouve nulle part ailleurs: les "host clubs", qui sont des bars à hôtesses - ou plutôt hôtes en l'occurence - dont le boulot consiste à être assis dans un bar, boire, faire la conversation aux clients et les rendre heureux. Un boulot qui paye entre dix et cinquante mille dollars par mois !
Bienvenue dans un monde où la chaleur humaine est à vendre, et le sexe est tabou.

La vidéo est ici.

(via Tokyomango)

05 juillet 2007

Attention, polémique!

Un article un peu construit appelle le retour de la rubrique des trucs du moment...

Musique :
DJ Cam - The Beat Assassinated
Film :
Lucky Number Slevin
une réplique culte à la minute
Bouquin :
Douglas Kennedy - Cul de sac
un excellent petit bouquin, dévoré d'une traite. Merki Sarah ^^

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Attention, comme le titre l'indique, je vais aborder ici un sujet sérieux/grave/épineux/polémique. Je vais donc commencer par les précautions d'usage : ce que j'écris ici reflète mes opinions personnelles, que je ne cherche en aucun cas à imposer à qui que ce soit. Je suis ouvert aux critiques si elles sont constructives, mais je ne cherche pas à ouvrir un débat. Le but est plutôt d'attirer l'attention sur le problème, il appartient ensuite à chacun de se faire sa propre idée (s'il n'en a pas déjà une); pour ma part, j'ai suffisamment débattu le sujet récemment, merci.

La polémique en question, bien que récurrente, a été déclenchée par la récente déclaration du ministre de la défense japonais Fumio Kyuma, qui disait en substance :
« Les bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki ne pouvaient être évités. » (source)
Et de continuer en disant qu'ainsi la capitulation japonaise avait été accélérée et l'invasion russe évitée. Ledit ministre est connu pour son franc-parler (un trait pas très courant par ici) et ses déclarations polémiques. Il est de plus député de Nagasaki, ce qui n'arrange pas spécialement les choses.
Comme on peut s'y attendre même sans connaître la politique japonaise, cette déclaration pas très politiquement correcte (surtout sortie du contexte) lui a valu un tollé général et un levé de boucliers monstrueux. Avec à la clé, mardi, sa démission forcée du gouvernement.

Alors je pourrais argumenter des heures, comme beaucoup le font en ce moment, sur la justification ou non de ces bombardements. C'est un grand classique de la prise de bec depuis plus de 60 ans maintenant, en usant et abusant de tous les arguments possibles et imaginables (pour ne pas dire imaginaires)... Pendant ce temps, les faits historiques clés eux-mêmes se sont perdus dans mes méandres de l'histoire et des manipulations politiques. Et quand bien même ils seraient avérés, les gens continueraient sans le moindre doute de se mettre allègrement sur la gueule à ce sujet.
Je vais donc les laisser faire et passer directement à la suite.

Ce qui m'a vraiment interpellé dans cette affaire, c'est la violence et la rapidité avec laquelle le gaillard s'est retrouvé lapidé sur la place publique, pour avoir osé dire ce que bon nombre d'historiens sérieux considèrent aujourd'hui comme une réalité (D'ailleurs, Hirohito lui-même avait déclaré exactement la même chose en 75, même si dans un contexte différent... source).
À moi, ça me semble plutôt symptomatique d'un refus total et borné d'assumer la responsabilité d'une quelconque faute commise pendant la guerre. Une vilaine tendance japonaise au négationnisme et au révisionnisme...

Petit rappel de politique du japon :

Le nationalisme japonais présente trois particularités. D’abord il est revendiqué par des responsables présents au sein même du pouvoir. Nous n’avons pas de Haider ou de Le Pen, parce que chez nous, les extrémistes ont trouvé grâce au sein même du gouvernement et du parti au pouvoir, le Parti libéral démocrate (PLD) dont l’actuel chef de file est le Premier ministre Shinzo Abe.
Ensuite, les nationalistes au pouvoir ne cachent ni leur sympathie ni leur nostalgie pour l’ancien empire militaire du Japon. Des responsables au pouvoir répètent que le Japon d’après-guerre n’a pas à faire de repentir pour ses crimes passés, dans la mesure où la guerre que le «Grand Japon» mena en Asie alors, fut, d’après eux, une «guerre de libération» des peuples d’Asie de la domination occidentale. [...]
Enfin, le nationalisme japonais est ouvertement ethnique. Il refuse la logique de l’Etat moderne et le contrat social depuis Thomas Hobbes. Il comble en vérité un vide creusé par le retrait de l’Etat à l’ère de la globalisation. Or, la nation prise au sens ethnique, c’est à mon avis très dangereux.
Extrait d'article paru dans Libération (source)

Charmant n'est-ce pas ?

Pour ceux qui comme moi on dormi/joué à la bataille navale en cours d'histoire au lycée, rappels rapides de quelques faits sur le Japon des années 30-40:
-Durant cette période, le japon était dirigé par l'empereur Hirohito,
qui était encore considéré à l'époque comme un descendant de la déesse Amaterasu et donc une divinité incarnée (akitsumikami). Il prône la supériorité ethnique du peuple japonais et lance une campagne de "libération de l'asie", car la
mission divine du Japon est d'unir les huit coins du monde sous un seul toit (Hakko ichiu) - c'est la tristement fameuse politique nationale du Kokutai.
-C'est sous ce prétexte que la Chine sera envahie. La liste des atrocités japonaises commises à cette période est longue comme le bras, et contient des items aussi charmants que le massacre de millions de civils et l'utilisation d'armes chimiques et bactériologiques (dont la peste).
-Aveuglés par leur croyance en l'empereur, le Kokutai et le Bushidō (code d'honneur du samurai), l'armée impériale se battait systématiquement jusqu'au dernier homme et allait jusqu'au suicide collectif pour éviter la capture, voire à encourager des civils à faire de même (source).

Ces faits sont évidemment biaisés pour illustrer mon argument, mais ils restent des faits. Et pourtant, si vous demandez à un japonais de vous résumer la seconde guerre mondiale, il y a de fortes chances qu'ils vous répondent : "il y a eu une guerre dans le Pacifique, puis les bombes A ont été lâchées sur Hiroshima et Nagasaki". Le traumatisme de ces bombardements est compréhensible, mais les japonais se posent systématiquement en victimes absolues. Expansionnisme, crimes de guerre ?
Jamais entendu parler...
Alliance tripartite ?
C'est quoi ça ..?
Le devoir de mémoire admirablement réalisé en allemagne n'a pas cours au Japon. Les responsables politiques continuent de soutenir qu'il n'y a pas lieu de s'excuser pour l'annexion d'une partie de la Chine et de la Corée, qui était une "libération des frères d'asie"; de nier les exactions commises, bien qu'elles soient prouvées; d'aller régulièrement payer leurs respects à des criminels de guerre de classe A, farouches partisans de l'alliance avec Hilter et Mussolini, au sanctuaire de Yasukuni...
Et ne parlons même pas des manuels scolaires...

Alors oui, sans aucun doute, les bombardements atomiques sont une tragédie, un de ces moments de l'histoire que que l'on souhaite ne jamais voir se reproduire. Et ce, que la fin ait justifié les moyens ou pas. Mais il en va de même pour toutes les atrocités qui ont eu lieu pendant cette guerre, et il faudrait voir à ne pas trop oublier que le japon est à l'origine d'une part non négligeable de celles-ci...
Le nombre des civils tués en Chine par l'armée japonaise entre 37 et 45 est estimé à presque 4 millions. Le massacre de Nanking a lui seul a fait plus de morts que les bombes A.
Alors si le japon voulait bien faire son travail de mémoire et admettre ses erreurs passées, ils seraient parfaitement en droit de se plaindre encore et encore de ces bombardements. Mais nier absolument ses propres crimes d'un côté et se poser constamment en indiscutable victime de l'autre... Ce n'est pas ce que j'appelle une position tenable.

Vous savez ce qu'on dit sur ceux qui ne connaissent pas l'histoire...

Article largement inspiré de GaijinSmash, ainsi que de divers débats et articles Wikipedia

21 juin 2007

L'empire du kitsch

Toujours dans l'idée de vous tenir occupés en attendant un vrai post, et puis parce que ça mérite largement de se fatiguer à lire un truc sérieux en anglais :

Empire of Kitsch: Japan as Represented in Western Pop Media [en]
Par Robert Hamilton, via le blog de Javier

Ne vous laissez pas décourager par l'ouverture avec une citation de Barthes et des gros mots genre "paradigm", on en vient assez rapidement à parler South Park et Simpsons!

24 mai 2007

Photo présidentielle

Vous allez jamais me croire là, et pourtant : dans ce post, il ne sera pas question de politique.
Ni de sarcasmes à propos de la verticalité de Notre Président. Ou si peu...

J'étais en train de flâner sur mon forum photo favori quand je suis tombé nez à nez avec l'autre bronzé, là. Un peu étonné que j'étais, car toute politique est interdite de séjour là-bas. Mais c'est bien de photo dont il était question : le maître des lieux, Jeff, propose d'analyser du point de vue composition et technique, le portrait officiel de Notre Président.
C'est loin d'être inintéressant.
L'analyse est un peu technique et d'aucuns seront un peu perdus sur les histoires de vignettage, chromie et compagnie, mais l'essentiel porte sur la composition et l'attitude qui sont parfaitement compréhensibles pour tout le monde.
Pour résumer grossièrement : la composition est très "étonnante" - elle ne suit aucune des règles établies du portrait, elle est déséquilibrée, et elle comporte des éléments qui rendent l'image plus difficile à lire (montant de la bibliothèque à droite, le livre juste derrière le visage qui attire l'oeil...). Pour dire les choses clairement, elle est mal foutue !
D'autre part, on se demande l'intérêt du vignettage (les coins sombres). Plus on se demande, moins on trouve.
Et puis la pose du bonhomme, crispé comme pas deux... C'est flagrant quand on compare avec les photos officielles précédentes.
Mais surtout, mais surtout, plus on analyse, et plus on arrive vers la théorie que tout a été fait pour mettre l'accent sur la verticalité contrariée de Notre Président !! Les drapeaux bien trop grands pour lui; l'espace vide très important au-dessus de Sa tête; le cadre généralement trop large; et la perspective qui fait arriver la première étage de la bibliothèque quasiment au niveau de Ses épaules !
Avouez qu'il a l'air particulièrement nain, quand on y regarde bien, non ?

Je me demande bien si le résultat est imputable à un caprice du Président (la photo a paraît-il été torchée en 20 minutes), ou si Warrin (le photographe) s'est laisser manipuler par son éventuel subconscient gauchiste et mesquin...

Je suivrai la suite de l'analyse avec intérêt et vous transmettrai s'il s'y dit d'autres choses intéressantes.


EDIT : Une version recolorisée, pour mettre en évidence la chromie douteuse de l'original :

Et un remaniement complet de cette photo, tout en gardant l'esprit d'origine, par un membre de VirusPhoto :
C'est quand même mieux, non !?

08 mai 2007

"Les français sont des veaux"*

Musique :
Wax Taylor - Hope & Sorrow
encore et toujours, en boucle
Vidéos :

Borat
On m'en avait dit plein de bien. Même des critiques respectables l'ont encensé.
J'ai laissé tomber au bout de 20 minutes... Vraiment trop naze !
Ken Park
Ca, par contre, c'est bien (et pas que pour les scènes de fesses)
Jeu :
Oblivion

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*c'est pas de moi. Si ça ne vous plaît pas, c'est sur De Gaulle qu'il faut aller crier
(mais je doute qu'il vous écoute)

J'avais commencé à vous écrire un post MyLife, principalement pour cacher un peu mon article précédent qui est déjà resté un peu trop longtemps en haut de page et j'ai honte. Mais je me suis rapidement rendu compte qu'il s'avérait absolument sans intérêt, surtout que j'essayais farouchement de ne pas y parler politique. Sans grand succès bien sûr.
Donc, au lieu de mon blabla soporifique et légèrement surfait à base de jem'emmerdeauboulot, je vous propose de ne pas parler politique. Et de laisser faire ceux qui savent à ma place.









Pour ma part, je me contenterai de donner quelques chiffres :
Ventilation par classe d’âge du vote Royal
- 18/24 ans 53%
- 25/34 ans 54%
- 35/49 ans 56%
- 50/64 ans 51%
- 65 ans et plus 25%
De veaux à vieux, il n'y a qu'un pas.

EDIT après m'être fait taper sur les doigts : source = sondage IFOP. Les chiffres donnés par le même sondage IPSOS diffèrent nettement :
Ventilation par classe d’âge du vote Royal
- 18/24 ans 58%
- 25/34 ans 43%
- 35/44 ans 50%
- 44/59 ans 55%
- 60/69 ans 39
%
- 70 ans et plus 32%
On a tendance à dire l'IPSOS plus fiable que l'IFOP. D'autre part, 3600 sondés pour IPSOS contre 900 pour l'IFOP. Ce qui a tendance à nuancer le propos, quand même.
Ben alors, les 25/34 ??

Pour plus de détails, voir le document IPSOS proposé par Sylvain, avec beaucoup d'infos intéressantes (si on met de côté la question de la fiabilité) :
Comprendre le vote des français


23 avril 2007

Star System à la japonaise

Musique :
Mr Scruff - Trouser Jazz
Vidéo :
Scrubs, saison 6

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Attention, cet article est NSFQM (Not Safe For Quand tu Manges)

Parfois, quand on regarde la TV japonaise, on peut légitimement se poser des questions sur la moralité de celle-ci. Les fameuses émissions-quizz où les récompenses en cas de bonne réponse sont remplacées par des punitions corporelles en cas de mauvaise sont bien connues. Les blagues pas drôles (mais alors vraiment pas) sur des gens qui n'ont rien demandé le sont un peu moins, et pourtant édifiantes aussi.

Mais là ou mon abusomètre a vraiment crevé le plafond, c'est alors que je faisais des recherches intenses et cruciales en rapport direct avec mon travail, en me cultivant sur Wikipedia (c'est aussi ça la magie d'une encyclopédie coopérative: Tu peux toujours chercher dans Universalis, tu risques pas de trouver un article équivalent). C'est dans cette liste pleine de joie et de légéreté que le cas quand même un peu singulier de Issei Sagawa a attiré mon attention.

Je vous laisse lire l'article le concernant, toujours sur Wikipedia (et toujours en anglais); je n'aurais pas raconté ça mieux.

Pour les flemmards et les anglophobes, je résume :
Ce ressortissant Japonais était étudiant en littérature anglaise à la Sorbonne dans les années 80. Un jour, il invite une camarade de classe, Renée Hartevelt, à dîner chez lui pour papoter bouquins. Mais à peine a-t-elle passé la porte qu'il lui loge un pruneau dans la nuque... Et la mange. Consciencieusement, morceau par morceau, en la gardant bien découpée au frigo, il festoiera plusieurs jours sur la demoiselle. Il essaiera ensuite de se débarasser du corps dans le bois de Boulogne, mais il y aura des témoins, et il est arrêté peu de temps après. Lisez l'article pour plus de détails (et vous trouverez même plein de sites de détraqués pour vous raconter dans les grandes largeurs par quelles parties il a commencé et quel goût ça avait, si vous y tenez vraiment), mais en tout cas on peu dire qu'Hannibal Lecter est plutôt kawaii, en comparaison.
...Si on s'arrête là, c'est "juste" une histoire sordide de plus. Mais ce n'est pas fini.
Par la suite, la justice française le déclarera, après 15 mois de détention, légalement fou et donc irresponsable. Il est ainsi extradé vers le Japon où il sera interné dans un hôpital psychatrique puis relâché presque aussitôt grâce aux relations de son père, un puissant industriel.
...Si on s'arrête là, c'est "juste" une histoire de dysfonctionnement judiciaire scandaleux de plus. Mais c'est toujours pas fini.
Car depuis, Issei Sagawa est une star au Japon. Après ça, il a écrit plusieurs bouquins sur son exploit, ainsi que pas mal d'autres ; il est apparu dans un film grand public ; et il a fait de nombreuses apparitions dans des talk-shows et autres, en tant qu'invité, commentateur, mais aussi critique culinaire.

Ils ont même poussé le bon goût jusqu'à prendre cette photo :

Ça me laisse rêveur.


Ou pas.


Plus d'infos : ici ou
Note : la recherche de son nom sur Google Images est fortement déconseillée (sérieusement)

05 avril 2007

家族サービス - Family Service

Musique :
DJ Kentaro
DJ Food

parce que le rap ricain, ca va bien un moment
Jeu :
Puzzle Quest (PSP)
Terriblement addictif...

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A la demande de Jules, un petit topo sur "la place de l'individu dans la famille japonaise"
Sujet pas facile s'il en est... Je vous préviens, ca va peut-être être intéressant mais sûrement pas rigolo.


1- La cellule familiale
Pour commencer, disons que la cellule familiale est l' "unité de base" de la société japonaise, et donc très importante en tant que telle. Mais on peut dire la même chose de la plupart des cultures occidentales... A ceci près que la notion de uchi/soto (内/外, intérieur-extérieur, sous-entendu d'un groupe) dont j'avais un peu parlé à propos de gaijinitude (), est fondamentale dans l'esprit japonais. Cette importance du groupe par opposition à l'individualisme de mise par chez nous s'explique principalement par des raisons religieuses, paraît-il (relation de l'individu à Dieu dans le judéo-christianisme VS harmonie avec le vivant et réincarnation dans le bouddhisme). C'est particulièrement sensible dans la cellule familiale, que l'on pourrait décrire comme fermée: les affaires familiales sont gérées strictement par les membres de la famille, et tout le monde fait front pour montrer un joli sourire en société, même si la situation est affreuse. Il est culturellement tabou d'évoquer des problèmes familiaux, graves ou non (y compris suicide, divorce, etc).
Par conséquent, les liens entre membre de la famille sont forts, et particulièrement entre parents et enfants ; si à l'ouest la relation basique la plus forte est a priori père-mère, alors que les relations intergénérationnelles sont sensées garder une certaine distance, c'est plutôt l'inverse qui se passe ici. Les mères ont des liens extrêmement reserrés avec leurs enfants (pour ce qui est du père, j'y reviendrai), tandis que les relations mari-femme sont souvent... ténues, on va dire. Lorsque les parents se font vieux, il est courant qu'ils emménagent avec leurs enfants, en général l'ainé, qui a pour devoir de s'occuper d'eux. Enfin, du moins dans la mesure où les enfants ont effectivement quitté le domicile familial un jour, ce qui n'est pas forcément évident même à 30 voire 40 ans ! (sic. Les japonais, des power-Tanguys ?)


2- Le rôle du père (ou l'absence de...)
Ca n'a pas toujours été le cas historiquement, mais le japon est une société traditionnellement patriarcale. Le père est le chef de famille et doit prendre les décisions importantes, se faire respecter, etc. Rien de bien différent de ce à quoi on est habitués, jusque là. Sauf que dans le schéma classique, le père travaille pour nourrir à lui seul la famille (le taux de femmes aux foyers est très élevé), fait des horaires de fous et se tape en moyenne 3 heures de transports par jour. Il faut savoir que dans la génération des 50aires actuels et la précédente, la réussite sociale d'un homme se mesure à sa quantité de travail... Non seulement ils rentrent chez eux très tard le soir pour repartir à l'aube, mais il n'est pas rare qu'ils bossent les week-ends aussi. Du coup, monsieur est le plus souvent abonné absent au domicile familial. Pendant ce temps, madame gère traditionnellement tout ce qui se passe à la maison, de l'education des enfants aux relations sociales en passant par le budget familial. Du coup, le père doit jouer les chefs et prendre des décisions sur des sujets dont il ne sait rien puisqu'il sont dans les faits gérés par la mère. Une drôle de figure patriarcale...
Il est dit que le sentiment d'aliénation chez ces pères de famille est assez courant, et on comprend pourquoi.


3- Les dérives
-D'abord, il y a ce truc affligeant qu'ils appellent le Family Service (家族サービス), qui est grosso modo une initiative visant à "forcer" les pères de famille à passer deux dimanches par mois (oui ! 2 malheureux jours par mois !) en compagnie de leur famille. J'ai du mal à trouver des infos sur ce truc, mais il me semble que c'est une initiative gouvernementale, relayée par les entreprises. Il semblerait que ca soit vécu par ces messieurs plus comme une corvée qu'autre chose. On peut voir régulièrement des spots à la télé, à l'adresse du salaryman, disant en substance "ca serait peut-être pas mal de savoir qui sont vos enfants"...

-Ensuite, il y a les problèmes des enfants, qui se répercutent souvent fortement sur la famille. Le système éducatif japonais est extrêmement compétitif même très tôt dans la scolarité. Pour donner une idée, l'équivalent japonais du brevet des collèges a un classement national, qui détermine dans quel lycée (plus ou moins bon) on peut aller, ce qui va déterminer ensuite dans quelle université on entrera, et donc quel boulot on pourra espérer... Résultat, les gosses se retrouvent dès 12 ans à subir une pression monstrueuse à l'école mais surtout à la maison, par des parents qui veulent à tout prix les voir réussir. Un pression forte, continue, omniprésente, dès 12 ans et jusqu'à l'entrée à l'université : ca peut faire des dégâts monstrueux. Ce n'est pas les exemples qui manquent, hélas. Il y a les adolescents qui se mettent à refuser d'aller à l'école, deviennent sociopathes et violents, et se mettent à frapper leurs parents (!). Il y a aussi ceux qui échouent leurs examens d'entrée à l'université ou autre, et deviennent des hikikomori (intraductible...). C'est à dire que, ne supportant plus la pression qui pèse sur eux, ils s'isolent complètement de la société, en ne sortant plus jamais de chez eux, ni pour travailler, ni même pour faire des courses, ne voyant personne. Leurs familles, honteuses, surviennent généralement leurs besoins. On dit qu'il y a plusieurs centaines de milliers de hikikomori au japon, un pourcentage très important de la population de'adolescents mâles... Aucun chiffre officiel réaliste n'existe, c'est un sujet tabou, tout comme le suicide des jeunes ou la tristement fameuse mort subite par excès de travail (sic).

Désolé de finir sur des choses aussi réjouissantes...

Si le sujet vous intéresse, je vous conseille ces quelques liens dont je me suis largement inspiré pour cet article (en anglais) :
Une étude sérieuse
Japanese Family @ Wikipedia
Hikikomori @ Wikipedia

Et pour finir sur une note un peu plus légère, je conseille fortement aux amateurs d'anime de regarder (ou de lire) NHK ni Yôkoso, un excellent anime (et manga) à la fois drôle et instructif qui raconte la vie d'un hikikomori.


30 janvier 2007

Un peu de linguistique : mimétismes, onomatopées et compteurs

Je parlais hier de l'horreur qu'est le keigo. Pour peu qu'on y rajoute les 6 autres niveaux de politesse, le kanjis (alias les 6000 incarnations de tes cauchemards) et les compteurs (je reviendrai sûrement sur le sujet quand j'aurai trouvé une doc décente**), le japonais commence à paraître sérieusement ingérable....

Et pourtant, il y a aussi des choses fabuleuses en japonais. La première et la plus évidente quand on débarque au Japon, c'est qu'il est courant en japonais de faire des phrases avec un seul mot : tout ce qui est compréhensible par le contexte... on enlève ! Ceci est un peu limité par la nécessité d'utiliser un langage poli au travail, mais dans la vie de tous les jours, c'est génial... Comble du comble : faire des constructions de phrase dans ce genre fait très japonais, donc impressionnant venant d'un gaijin. Comment faire au plus simple tout en ayant la classe....
Exemples (admirez les differences de longueur entre original et traduction):
"uaa, benri!" - Wah , mais c'est trop pratique ce truc !
"dekinai" - non, je ne sais pas faire/je ne peux pas
Exemples pas très convaincants ; évidemment, c'est beaucoup plus flagrant dans le contexte, mais bon. En pratique, si on n'est pas limité par le niveau de langue à utiliser, on peut tenir toutes les conversations du monde sans faire de phrases de plus de quatres mots !

Mais là où ca devient vraiment rigolo, c'est quand on remarque à quel point les japonais utilisent les onomatopées et "mimétismes". Exemples :
"PikaPika" veut dire brillant (oui, c'est aussi ce que dit toujours Pikachu...)
"ShabuShabu" est le bruit de la viande qui cuit en fondue, et donc le nom de la fondue japonaise
"ZaraZara" veut dire rugueux
"GuruGuru" indique une rotation
La liste est virtuellement sans fin...
J'en ai trouvée une, pas sans fin, mais bien conséquente sur le très bon wiki de Comme Ca du Japon :

Par ici pour les onomatopées
et par là pour les mimétismes

(Avec en bonus, une savoureuse liste des cris d'animaux en japonais, bien plus longue que son homologue francaise - ils ont même un cri pour le renard...)

Inutile de préciser que certaines de ces expressions valent de l'or - et pour une bonne partie d'entre elles, ont se demandent bien d'où elles peuvent sortir (comment est-ce qu'on peut avoir une onomatopée pour l'engourdissement !?).
Ces listes sont donc bien longues, mais ca m'impressionne de remarquer que j'ai en fait déjà entendu la grande majorité de ces expressions au moins une fois ! En fait, j'en connais même qui ne sont pas listées !! Ce qui montre bien à quel point ce genre d'expressions est utilisé...



**Une petite ballade sur le même wiki et je tombe sur une liste imposante de ces fameux compteurs. Je vous laisse lire leur explication, qui résume bien :
les compteurs en japonais.
Voyez le nombre, voyez les différents cas; c'est à s'arracher les cheveux (mes préférés : ha, le compteur à oiseaux et à lapins, et chou, le compteur à slips mais seulement quand on ne porte que ca. Et je ne rentre même pas dans les "peu fréquents", comme le compteur à commodes).
Puisque ce n'est pas encore assez compliqué comme ca au goût de nos chers japonais, notons encore que ces compteurs varient (ha peut devenir ba ou pa) en fonction du nombre qui se trouve devant. Et bien sûr, les compteurs les plus courants sont irréguliers (le compteur générique, celui à gens et celui pour les dates, notamment). T_T

29 janvier 2007

De l'intérêt d'être un gaijin

Ca commence a faire un moment que je tiens ce blog. Les messages quotidiens, c'est un truc plutôt récent, certes ; mais je commence quand même à avoir un début de lectorat. Et je viens de me faire la réflexion que parmi vous, très chers lecteurs, bien peu doivent en comprendre le nom, ce qui est un peu triste...
Réparons donc cette vilaine omission, avec une petite discussion sur le statut de gaijin.


En japonais, le terme désignant un étranger est gaikokujin (外国人: personne-d'un-pays-extérieur). Relativement récemment (dans le courant du sciècle...), ce terme a été contracté en gaijin ; mais à l'usage, le sens a sensiblement varié par rapport à l'original.
Notons d'abord que cette contraction conserve uniquement les kanjis pour extérieur et personne ; ce qui donne donc personne-de-l'extérieur... La différence est énorme. En effet, au Japon, le concept d'intérieur/extérieur est l'un des fondements de la société (外 soto ・ 内 uchi, ou intégration/marginalité, ou encore connaissance/inconnu). Le japonais moyen fait tout pour être uchi (agir, penser, s'habiller comme la majorité); être soto est humiliant et honteux. Evidemment, je caricature, mais ca permet de cadrer un peu les concepts fondamentaux qui se cachent derrière le fameux mot : "gaijin".
Gaijin est donc un terme péjoratif, à l'origine du moins. Les étrangers, particulièrement européens, sont très bien accueillis de nos jours, mais ce n'a pas toujours été le cas. Ce mot a été inventé à l'attention des Américains, à une époque où les Japonais et eux n'étaient pas exactement comme cul et chemise.
De nos jours, même si le terme n'est pas politiquement correct (vous ne l'entendrez pas à la télé), il est assez couramment utilisé. Surtout par les gaijin eux-mêmes d'ailleurs. Un peu comme les Noirs qui s'appellent "negro" entre eux, quoi... Les japonais, polis et attentionnés, répugnent souvent à l'utiliser - en tout cas en notre présence, à l'exception de certains d'entre eux, que l'on connaît bien. Des gens, donc, pour qui nous sommes devenus uchi : pas des japonais, mais des connaissances.

Concrètement, qu'est-ce que ca implique d'être un gaijin aujourd'hui à Tokyo ? Voilà une question absolument surdocumentée ; bouquins et sites internets à la pelle traitent de ce sujet. Pourtant, après en avoir lu un certain nombre, ca reste un peu flou. Ne prétendant pas à la compréhension du problème, je vais me contenter de raconter comment ca se passe pour moi...


Etre un gaijin, ca a d'abord quelques conséquences triviales mais rigolotes :
- Retrouver mes congénères dans la foule, même avec cette densité caractéristique de Tokyo, ne me demande en général pas plus d'efforts que me mettre sur la pointe de pieds et chercher une autre tête qui dépasse... A l'exception notoire de cette chère Sarah-chan ; dans son cas, il faut chercher une tête au même niveau que les autres, mais surmontée d'une touffe improbable et sautillant dans tous les sens :p
- Faire peur aux gens ! C'est certes un peu spécifique à mon statut de grand mâle barbu et dreadu, mais assez frappant. Quand je marche dans des rues peu frequentées la nuit, à peu près 80 pourcent des femmes seules que je croise changent de trottoir !! Et quand je prend le métro, les gens préfèrent toujours se tasser sur la banquette d'en face plutôt que de s'assoir à côté de ce louche individu que je suis, ce qui me laisse souvent le loisir d'être assis comfortablement...

il y en a d'autres comme ca, mais celles auxquelles je voudrais en venir sont substantiellement plus positives pour moi, dans le cadre du travail :
Si j'avais été japonais, mon quotidien au travail serait très probablememt un enfer. Principalement parce que je suis jeune, stagiaire, et très récemment entré dans l'entreprise. Trois conditions liées entre elles, certes, mais qui sont probablement les trois pires tares qu'un employé japonais puisse avoir ! En suivant le système hiérarchique japonais, aussi complexe que fondamental, je suis tout en bas de l'échelle. Le technico de bas-étage, la secrétaire, la serveuse à la cantine, les poissons rouges dans l'aquarium et peut-être même les plantes vertes ont un statut supérieur au mien... Ce qui m'obligerait, théoriquement, à passer mes journées à servir du café et autres basses besognes (cf Stupeur de Tremblements) tout en jonglant entre Keigo et Songo, deux variantes du japonais à utiliser lorsque l'on s'adresse à des personnes de rang supérieur. L'une sert à flatter son interlocuteur et l'autre à se rabaisser. Ce truc est si compliqué à utiliser que les japonais eux-mêmes se prennent les pieds dedans régulièrement, ce qui donne de bonnes excuses aux cheffaillons pour les réprimander (à se demander si ca n'a pas été inventé spécifiquement pour ca...). Exemple : en keigo (pour parler d'un supérieur), le verbe irassharu remplace à la fois les verbes être (quelque part), arriver, et partir. Vous imaginez un peu les quiproquos possibles avec un truc pareil ?? Exemple :
A : Bonjour, est-ce que Mr X irassharu (est la) ?
B : Bougez pas, je vais voir... Ah, il vient d'irassharu (partir).
A : Très bien, passez le moi svp.
B : Ah ben non, il irassharu pas (est pas la)...
A : Mais vous venez de dire que... Bon. Quand est-ce qu'il irassharu (revient) ?
B : Il irrasharu (est parti) il y a 5 minutes...
A : ...
Il y a évidemment des moyens de contourner le problème, mais on se demande qui est le sociopathe qui a mis au point ce language à la con, quand même !
Mais heureusement, puisque je suis un gaijin, j'en suis dispensé, et même félicité quand j'arrive à utiliser une formule de politesse basique correctement !! :)


Il y en a encore d'autres, mais mes horaires de travail sont terminés, alors je garde ca pour demain :p

05 décembre 2006

Edo-Fukagawa Museum


Pour ouvrir ladite floppée de posts, un peu de culture (ça contrebalançera peut-être un peu la suite...).

Pas que j'aille au musée de mon propre chef, juste pour me culturer; ça se saurait. Non, c'était à l'occasion de la préparation de ma "final -fucking- presentation", comme on l'appelle affectueusement entre nous. Une gentille petite présentation orale (en jap' bien sûr) que l'on doit se taper, costard et powerpoint à l'appui, juste avant noël, pour conclure les cours de japonais et montrer à nos chers industriels de patrons comment on est devenus super balèzes en japonais.
Le sujet est, youpi tralala, "L'habitation japonaise, tradition et modernité" (évidemment, tout sujet d'étude qui se respecte ayant un rapport avec le Japon doit contenir les mots "tradition et modernité"...). Ce qui explique le pourquoi du comment de notre visite au Edo Fukagawa, qui est une reconstitution d'un petit quartier de Tokyo à l'époque Edo - soit il y a deux siècles, grosso modo.
Pour ceux d'entre vous qui passent trop de temps à regarder Kenshin et consorts, et qui se demandent à quoi ça ressemble en vrai, ben voilà...

détail qui tue, ils ont même reconstitué le chat sur le toit, avec miaulement et tout...

"maison de pêcheur"
(pour les mous du bulbe, elle est pas ouverte aux vents, juste coupée en deux!)